lundi 18 janvier 2016

 
 
 
Un jour,
j'ai été confrontée à un acte auquel je n'étais pas préparée...
offrir les soins intimes à ma mère,
qui n'avait plus le souci ni le souvenir de faire sa toilette matinale.
Comment me sentir devant le corps dénudé de celle qui m'a vue naître.
 
Il m'a fallu du courage et de la compassion envers cette femme,
cette mère, cette citoyenne de la Terre,
pour laisser tomber les préjugés qui voilaient mes yeux et mon coeur.
Et que dire de cette sensation de gêne qui venait me claquer en pleine figure
 devant son corps nu comme un ver.

 Mais par amour j'ai :
peigné délicatement ses cheveux blancs, brossé doucement ses dents,
coupé ses ongles écorchés, crèmé et savonné son écorce de plume,
essuyé ses larmes de crocrodile, et curé ses oreilles pour qu'elle
puisse mieux entendre la mélodie du bonheur que lui chantait encore le vent.

 En la déshabillant, parfois, j'y voyais l'étincelle vivante de son âme...
En effleurant sa peau, son parfum s'échappait d'elle pour mieux m'envelopper les ailes...
En épongeant son épiderme salé, son sourire illuminait le mien...
Tout en savourant précieusement mon sentiment de lui faire du bien.
 
Découvrir son enveloppe charnelle froissée, chiffonnée et oubliée...
Déplier ses rides de tristesse, autour de ses petits yeux noisette...
Cajoler ses joues rose bonbon, et y peindre ses lèvres rouge madame.
 
Maternelle j'étais devenue auprès de ma mère,
comme mon enfant, je la bordais le soir venu dans son lit de petite fée clochette.
Accroupie devant son berceau de roseaux,
j'embrassais sa couronne céleste en la regardant s'abandonner dans son sommeil,
et je lui fredonnais cette jolie berceuse que sa mère et sa grand-mère
lui chantaient quand elle était encore un nouveau-née !
Je t'aime maman xoxo
 
 
Rebekkah la Louve Chamane